2008/01/08

Cuba et mes utopies

Dieu que c'est triste le déboulonnage de mythe...

J'aime tellement cette île. Depuis mon premier séjour, je n'avais envie que d'en apprécier le charme surrané, la sécurité, l'éducation, la santé, la musique envoûtante, l'aspect si "différent", si révolutionnaire. J'avais envie de fermer les yeux sur cette idée de la prison, de ses interdictions, de sa répression. Je n'avais pas vraiment envie de savoir. La première fois, en 1993, en plein coeur de la "période spéciale" il y avait des circonstances atténuantes au manque de tout. Même les touristes manquaitent d'électricité et de nourriture fraîche.

Mes premiers doutes ont commencé en écoutant des commentaires d'habitués lors de mon 2e séjour en 2003: "C'est vraiment plus drôle à Cuba, il n'ont rien à manger, ils manquent de tout!" On pouvait alors voir les effets de la double économie du dollar et du peso. Laquelle des deux Cuba était la vraie? Celle des Cubains, qui n'ont pas accès aux dollars ou celle des touristes qui peuvent difficilement utiliser les pesos- de toute façons y'a rien à acheter!-.
Me voilà figurante dans un appartheid tragi-comique où je joue toujours le rôle de la riche blanche impérialiste. Dur, dur pour mon estime de bougeoise bohème! Vite un peu de baume sur mes scrupules de gauche caviar: un cadeau, un pourboire!
Soudainement, le Cuba Libre prenait le simple goût du rhum and coke.
Puis la lecture d'un essai sur Cuba, écrit par Olivier Languepin, journaliste et ancien correspondant à La Havane. ... Cuba la faillite d'une utopie - Wikipédia

Bon.... c'est une utopie qui a déraillé, mais.... les intentions étaient bonnes?

En visitant le Musée de la Révolution à La Havanne, je ne peux qu'en être convaincue...

Cette année, c'est la lecture de "Castro l'infidèle" de Jean Raffy, essai très documenté, qui se lit comme un thriller qui a achevé mes illusions à propos du régime de Castro.
On en aprle ici:
http://www.cubantrip.com/castro/castro_infidele.php

Il me restait encore la figure embématique, "Hasta siempre" cette chanson magnifique dont j'avais appris les paroles:
"...tu querida presencia... commandante Che Guevara"
et que j'aimais entendre en frissonnant dans la moiteur Havannaise, ou dans une rue de Buenos Aires.
Écoutez-là ici: http://video.google.ca/videoplay?docid=-4968392211656539339

Maintenant, c'est le Che qui vient de tomber. Oui, l'icône christique, le fabuleux héros du journal de motcyclette: "I diari della motocicletta" qui relate le voyage en Amérique Latine d'Ernesto Guevara, le Che de la révolution cubaine, le Jack Kerouak de l'Amérique du Sud, le Jim Morrison de la révolution se révèle plutôt être un doctrinaire violent, moins intéressé par les véritables êtres humains que par les théories de l'homme nouveau, staliniste, admirateur de Juan Peron et de la révolution culturelle de Mao.
Les témoignages terribles de ceux qui ont fait la révolution avec lui et font l'anatomie du mythe ne me laissent plus le choix. Je ne peux plus chanter la gloire de Staline ou d'un autre tueur idéologique comme lui.
On peut voir ce film ici:
http://www.cubaliberal.org/videos/CHE_AnatomiadeunMito.wmv


Je n'ai pas encore lu, mais tout de même entendu des commentaires sur l'ouvrage de Machover "La face cachée du Che".
Ce lien nous permet d'en prendre connaissance
Les impostures du mythe du “Che” dénoncées par les écrits de Guevara

Il me reste encore tant à comprendre... et heureusement tant de musique à écouter.... pour mieux apprécier l'âme cubaine... hasta siempre...
Une video : Impression of Cuba 2006

et de la musique plein les oreilles:
http://www.lastfm.fr/listen/artist/Sierra%20Maestra/similarartists

2 commentaires:

Victor le chacal a dit...

Merci d'avoir fait un lien vers L101.

A propos de Cuba et du "Dealer Maximo", je ne peux que conseiller l'excellent entretien de Pierre Rigoulot :

Emission de Rigoulot

J'ai du mal à garder mon calme quand je lis des choses du type : "Bon.... c'est une utopie qui a déraillé, mais.... les intentions étaient bonnes?"

Je croyais que "le voleur dans la maison vide" de Revel avait désillé les yeux aux derniers porteurs du symptôme de l'illusion révolutionnaire. Le communisme est consubstanciellement un crime et le castrisme n'a pas fait pas exception, pas plus que le guévarisme comme vous l'avez indiqué vous-même.

Que restera-t-il de Castro si ce n'est d'avoir fait fusiller 40 000 "ennemis de l'intérieur" pour l'établissement de son pouvoir autocratique abjecte (à comparer aux 2300 victimes de Pinochet). Les cubains ont payé très cher le "charme suranné pour touristes européens. Je crois même que le jour où ils auront le choix de passer au capitalisme ils le feront sans hésiter.

J'ai été intéressé par ce témoignage honnête et intéressant.

Bav.

fonatine a dit...

Eh oui Chacal, j'avais aussi bien sûr écouté tout du long l'entretien avec Pierre Rigoulot, tant qu'à être sur le site de Lumière 101. En effet, il confirme toutes mes désillusions...